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jeudi 9 novembre 2017

Hommage à Klaus Huber

cop. Priska Ketterer  (Festival Lucerne)

En 2014, pour les 90 ans de Klaus Huber, Heinz Holliger jouait Noctes intelligibilis lucis pour Klaus Huber dans le cadre du Festival de Lucerne. La pièce en question composée en 1961 pour hautbois et clavecin est dédicacée au hautboïste bernois. Klaus Huber qui revendiquait une musique de credo s'est éteint le mois dernier. Le journal Le Monde retrace quelques fragments de cette vie intense:
Le compositeur et pédagogue suisse Klaus Huber est mort le 2 octobre, à l’âge de 92 ans, à Pérouse (Italie), non loin de Panicale, où il avait élu domicile. Représentant majeur de l’avant-garde, il laisse une œuvre abondante et édifiante, destinée à lutter contre « la chosification de l’être humain ». Apôtre, selon ses propres termes, d’une « musique de credo », Klaus Huber s’est fait connaître, en 1959, par une partition au titre prophétique : Paroles de l’ange adressées à l’homme. Par la douceur infinie de son regard, il donnait effectivement l’impression d’avoir reçu la visite d’un messager céleste. L’Ange au sourire, à n’en pas douter, tant son visage rayonnait de malice [...].
Sans être un activiste passionné comme Luigi Nono (1924-1990), Klaus Huber ne se contente pas d’ouvrir les yeux – et les oreilles – de ses prochains par un électrochoc humaniste et chrétien, il tente de les mobiliser, en 1980, par un oratorio politique, Humiliés – Asservis – Abandonnés – Méprisés, à base de textes provenant de bidonvilles, de prisons et d’écrits d’Ernesto Cardenal (instigateur de la « théologie de la libération » que le compositeur a rencontré au Nicaragua). Le futur détenteur d’un prix (2007) au Festival européen de musique ecclésiastique de la ville de Schwäbische Gmünd ne s’assagit pas avec la création, en 1985, des Canciones de circulo gyrante qui célèbrent la reconstruction des douze églises romanes de Cologne détruites pendant la seconde guerre mondiale en tentant d’« éveiller les consciences à la croissance exponentielle des potentialités destructrices qui, depuis les années quarante, se sont multipliées par cent, voire par mille. » Le Monde, 4.10.2017
Homme de lutte, ses oeuvres sont considérées comme un credo : 
L'une de mes intentions fondamentales est de transformer l'oeuvre d'art contemporaine en un témoignage, d'édifier avec elle un monument contre l'oubli qui règne actuellement et qui permet à l'homme contemporain d'écarter aussi commodément que possible le souvenir d'événements scandaleux, pour se vouer aussitôt à quelque mensonge historique, alors qu'ils devraient en fait le tirer de sa léthargie.                                                                       Au nom des opprimés, 1988
A Genève, il fut à l'honneur en 1991 avant même la création du Festival Archipel. Les Editions Contrechamps lui dédièrent un numéro et le Festival Extasis lui est consacré. Le Journal de Genève titra suite aux journées inaugurales du festival : Le miracle Klaus Huber dont les deux cantates de chambres furent jouées : Auf die ruhige Nacht-Zeit et Des Engels Anredung an die Seele. Le Festival Archipel en 2000 consacra également une journée à ce compositeur, «homme immense, étrangement sous-estimé» (Le Courrier, 05.02.2010).

Plainte, Hommage à Luigi Nono


Des documents en lien avec Klaus Huber sont actuellement en vitrines dans le cadre de l'exposition Les graphistes au défi de la musique contemporaine à l'occasion de l'anniversaire des 40 ans de Contrechamps.

L'exposition a lieu jusqu'au 22 décembre 2017.

Muriel

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